S'aimer. S'accepter.
C'est un sujet un peu différent que je souhaitais partager ici, un vaste sujet. A travers ma propre expérience, qui ne sera pas la même que toi, toi ou encore toi. Dans ce premier article, je voudrais d'abord raconter ma petite histoire, l'évolution de mon rapport à corps depuis toute petite et tout ce que je lui ai fait traversé. Le self-love, ça vient après.
Mon corps, mon ennemi
Du plus loin que je me souvienne, mon corps a toujours été un étranger dont je ne comprenais pas la langue.
Quand j'étais enfant, j'ai commencé à l'observer de loin, sans vraiment me soucier de s'il était normal, beau, comme il faut. Je n'entendais pas de remarque, si ce n'est au moment de l'apéro du dimanche où je me jetais sur les petits gâteaux et où on me disait de ralentir un peu, "parce que tu n'auras plus faim ensuite !". Inconsciemment, de premières restrictions sont apparues : il y avait des bons aliments et des mauvais aliments, qu'il fallait limiter. Et ces fameux gâteaux apéro, il m'arrivait d'en piquer deux, trois, quatre dans le placard et de les planquer dans ma chambre pour quand j'aurai un petit creux plus tard. On disait souvent de moi que j'étais une enfant gourmande et qu'il fallait parfois me "freiner".
Quelques années plus tard, les ennuis ont vraiment commencé. A l'entrée au collège, je ne me rappelle plus où j'en étais avec mon corps. Je crois que j'y étais assez indifférente. Mais à cet âge-là, on commence à se comparer aux copines, dont le corps change plus ou moins vite et plus ou moins "bien" que le nôtre. Et je me suis aperçue que je ne leur ressemblait pas vraiment, que je n'avais pas la même morphologie... Et personne ne semblait avoir la même que moi ! Sauf qu'en sixième, on t'apprend pas à faire de tes différences une force. Alors doucement mais sûrement, ma confiance en moi à commencer à s'étioler. Et mon corps a glissé du statut d'étranger à celui d'ennemi, sans même que je m'en aperçoive.
Arrive alors l'année de quatrième, celle qui a scellé "pour toujours" ce statut. Une remarque blessante sur mon corps d'un "camarade" de classe alors que je passais au tableau, les "copines" mi-choquées mi-amusées, zéro souvenir de la réaction de la prof et moi me promettant de faire tout mon possible pour ne plus jamais repasser au tableau. Je me suis observée sous toutes les coutures, j'ai continué à me comparer de plus en plus aux autres et le constat était sans appel : j'étais grosse (et donc moche et c'était normal qu'on se moque de mon physique). Pour vous parler en chiffres, à l'époque je mesurais 1m64 et je devais peser entre 50 et 55 kilos. Mais aux yeux de tous (du moins c'était mon impression), j'étais trop grosse, avec mes hanches trop larges, ma "culotte de cheval", mes fesses qui prenaient de la place et qui contrastaient bien trop avec ma menue poitrine qui n'avait pas suivi le mouvement pendant la puberté. Ce corps n'allait pas, il fallait le changer.
J'ai commencé à râler sur ce qu'on mangeait à la maison, je voulais plus de légumes, moins de beurre, moins de tout. Je faisais déjà attention à mon alimentation (souvenez-vous des "n'en manges pas trop, tu n'auras plus faim !") et ça a empiré. Sans le vouloir, mon entourage a entretenu cette obsession de mincir et au lieu d'entendre des "tu n'auras plus faim !" j'entendais en plus des "ne te plains pas après !". Je n'ai jamais perçu ça autrement que comme du soutien : je voulais mincir alors on m'a aidé à y arriver. On me disait ça pour mon bien.Dans la foulée, je me suis fait une nouvelle copine : la balance.
Mon corps, pourtant, malgré toutes ces nouvelles restrictions et mes efforts, ne changeait pas (bah oui cocotte, t'es en pleine croissance !). J'ai essayé de me faire vomir. J'ai jamais réussi. En sachant que je devrais tout garder après, ça m'aidait à ne pas trop manger (la plupart du temps en tous cas). Alors, face à ces échecs, j'ai essayé de trouver une parade : je ne voulais plus porter n'importe quel vêtement. Il fallait que ça me cache et si c'est noir c'est encore mieux (bah oui, ça mincit le noir !). Jeans et pantalons larges, pulls longs, gilets longs... Cachez moi ce fessier que je ne saurais voir ! Malgré tout, je reçois toujours des remarques sur mon physique, plus ou moins maladroites voire carrément méchante (exemple en troisième : "de toute façon elle avec son gros cul !")(remarque qui avait zéro rapport avec le reste mais quand on n'a plus d'arguments, bim! c'est le physique qui prend). En arrivant au lycée, je me libère un peu : plus personne n'a l'air de se juger et on me fout la paix. Je déteste toujours autant mon corps, mais je ne suis plus obsédée H24 par l'idée de le changer.
Les régimes
Finalement, mes années collège et lycée auront fabriqué un bon terreau pour les dix années suivantes. Dix années que j'aurais passé à être au régime "pour de vrai". Ça a commencé avec les régimes hyperprotéinés, les astuces minceur des magazines puis comme j'arrivais pas à me discipliner (aka je tenais une ou deux semaines et je finissais par laisser tomber), on m'a conseillé une diététicienne. C'était en mars 2010, je pesais 66 kilos pour 1m67 (photo 1).
Mon médecin m'avait dit que je n'avais absolument pas besoin de mincir. Et là où la simple remarque d'un ado en quatrième m'avait complètement bousillé mon rapport au corps, la simple remarque de mon médecin n'a pas eu le pouvoir d'arranger les choses. Mon idée fixe depuis 8 ans était de changer mon corps, il n'allait pas me faire changer d'avis aujourd'hui. Il m'a alors prescris une consultation chez la diététicienne pour un "rééquilibrage alimentaire" (vous avez vu, ça s'appelait déjà comme ça en 2010 !) et je suis repartie super contente avec mon ordonnance. J'avais un planning par mois, je mangeais LA MÊME CHOSE tous les lundis, tous les mardis, etc. Pas de féculents, pas de sucres, pas de fromage, pas d'alcool, pas de fruits. Des protéines et des légumes et c'est tout. Je mangeais quasi dix œufs par semaine, je n'en pouvais plus. Chaque mois, on se revoyait et elle me pesait, prenait mes mensurations. La perte de poids n'a pas été assez impressionnante à mon goût avec -6 kilos en 4 mois (oui, j'ai tenu 4 mois avec ce régime là). Je me faisais parfois des repas plaisir et je ne faisais pas de sport ou pas assez régulièrement. C'était de ma faute si je n'y arrivais pas !
Bilan, en 2012 (soit près de deux ans après la diététicienne que je n'ai plus jamais revue), je pesais 70 kilos. 70 ! Je me trouvais affreuse. Ce chiffre était trop énorme, c'était pas possible.
Sont alors réapparus dans ma vie les plannings de ma diététicienne puis le comptage de points de chez WW. Je m'y tenais dur comme fer, je m'étais mise à courir (pas régulièrement et pas longtemps mais j'essayais). Et je perdais ! C'était ouf ! Je perdais mais j'étais jamais satisfaite. Il faut dire aussi que je n'aimais déjà pas mon corps quand je pesais 55 kilos, j'avais du chemin à faire !
Perdre, craquer, reprendre, se reprendre and repeat!
Petit à petit, j'ai relâché (comme d'habitude !) pour passer par une phase où je me faisais plaisir sur TOUT pendant plusieurs jours, voire semaines. Avant de repartir dans de bonnes résolutions parce que j'avais repris deux ou trois kilos.
Ce yo-yo permanent, ça a duré jusqu'en 2015 (j'avais 25 ans, je pesais 62 kilos et je mesurais toujours 1m67) : changement de vie + nouvel amoureux qui adore cuisiner en quantité = +10 kilos en 6 mois. Outch!
J'étais heureuse, on s'aimait, on se faisait plaisir. Toutes ces années de restrictions ont donné lieu à une longue période no-limit. A la rentrée de septembre 2015, j'ai même eu droit au "mais t'es enceinte non ?".
Tiens! Dans tes dents! Retour à la case régime avec la merveilleuse application
qui permet de compter les calories, surveiller les macro nutriments,
ajouter son activité sportive et scanner les aliments. Je me remets lentement mais sûrement à perdre des kilos en 2016.
Mais, je te le donne dans le mille, j'ai pas tenu et j'ai repris. Retour à la case 72-74 kilos début 2017 (en écrivant, je trouve ça ouf d'aussi bien me rappeler du poids que je faisais). Sur la première photo, je suis en Italie, premier gros voyage en amoureux, j'ai pas envie de le gâcher à cause de ces quelques kilos. Mais soyez bien sûre que cette photo, je ne l'ai jamais partagée sur les réseaux !
Avec l'amoureux, on s'était promis d'aller à cette nouvelle salle de sport qui venait d'ouvrir, on s'était même inscrit avant de partir en Italie. Au début, pas facile de prendre cette nouvelle habitude mais on parvient à y aller trois fois par semaine. J'ai de nouveau dégainé mon compteur de calories et miracle! Les chiffres sur la balance commencent à redescendre. C'est aussi cette année-là qu'on se fiance et qu'on convient d'une date : ce sera en 2019 ! Tellement de temps avant de trouver une robe et de devoir rentrer dedans !
Saurez-vous deviner ce qu'il s'est passé ensuite ? Bah en 2018, j'ai un peu repris, puis reperdu, puis n'est pas pu faire de sport pendant trois mois, j'ai repris, je m'y suis remise et j'ai trouvé ma robe en janvier 2019. A cette époque, j'étais plutôt bien dans mes baskets et mes 67 kilos. Sauf que, une fois les mensurations prises, la vendeuse a dit un truc : "je vous interdis de grossir ou de maigrir d'ici le mois de juillet !". Pour des raisons évidentes bien sûr, puis c'était dit en plaisantant à demi mais moi qui était sur une lancée de sport/perte de poids, ça m'a complètement déstabilisée. Et j'ai tout lâché. Au final, le jour de réessayer la robe fin mai, j'avais pris 5 kilos et quelques centimètres. Pas la folie non plus mais elle a dû la retoucher. Je m'étais jamais sentie aussi nulle.
Heureusement, l'histoire ne se termine pas comme ça. Ce sera l'objet d'un deuxième article car il y a encore beaucoup à dire, et j'en ai déjà dit beaucoup aujourd'hui. En tous cas, ce qui arrive après et quand même bien plus cool. Mais je trouvais important de planter le décor avant de parler d'amour de soi et d'acceptation. Parce que je reviens de loin. Parce que je me suis détestée très fort.
Allez viens cher corps, on s'aime maintenant.
Aurélie
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